Comprendre l’abus sexuel
au masculin

Qu’est-ce qu'une
agression sexuelle?

Une agression sexuelle (abus sexuel) est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un·e individu·e sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par du chantage.

Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite.

Une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique et psychologique et à la sécurité de la personne.

*Gouvernement du Québec, Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle, Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2001.

Déconstruire les mythes entourant l’abus sexuel vécu par les hommes

L'abus sexuel par une personne en position d'autorité ou de pouvoir est dommageable, qu'il soit commis par un homme ou par une femme.

Toute relation sexuelle prématurée ou forcée par une femme en position de pouvoir peut avoir des conséquences importantes sur le développement d’un jeune garçon, qu’il s’agisse d’une mère, une tante, une sœur, une grand-mère, une gardienne ou toute autre femme. 

Une pratique sexuelle forcée et initiée trop tôt dans le développement d'un enfant est un abus sexuel et non une expérience de découverte sexuelle.

L’abus sexuel peut entraîner des sentiments de rage, de dépression ou d’autres problèmes émotionnels, psychologiques et physiques.

Elle peut avoir de lourdes conséquences pour les survivants et ne devrait jamais être valorisée, peu importe l’orientation sexuelle de la victime et le genre de la personne qui perpétue l’abus.

De plus, comme il n’est pas possible pour un jeune de moins de 16 ans de consentir à une relation sexuelle dans un contexte d’autorité, il est donc faux de parler d’initiation.

Ce mythe, bien répandu dans la société, peut causer beaucoup de préjudices aux hommes abusés sexuellement.

Ceux-ci pourraient freiner leur dévoilement par crainte d'être stigmatisés, et ainsi attendre encore plus longtemps avant d’aller chercher de l’aide.

S’il est vrai que plusieurs personnes ayant comis des abus sexuels en ont eux-même vécu dans leur enfance, la grande majorité des hommes abusés sexuellement à l’enfance ne vont pas commettre d’abus sexuel au cours de leur vie.

L’abus sexuel ne définit pas les comportements d'une personne qui en a été victime.

Les réactions positives et le soutien reçu à la suite d'un dévoilement constituent un facteur important pour prévenir la répétition des abus sexuels vécus par les hommes.

L’orientation sexuelle d’une personne est une réalité complexe, qui ne repose pas uniquement sur une situation vécue. Ainsi, aucune étude scientifique n'a démontré qu'avoir vécu de l’abus sexuel peut avoir une incidence sur l'orientation sexuelle.

Cependant, il est reconnu que l’expérience sexuelle prématurée initiée par un homme ou une femme adulte entraîne de la confusion au niveau de l’identité et de l’orientation sexuelle chez l’enfant qui l’a subie.

Cette confusion peut mener certains garçons à croire qu'ils sont forcément homosexuels si un homme est attiré par eux, mais c’est faux.

L'abus sexuel est un évènement traumatique susceptible d'occasionner de lourdes conséquences, quel que soit le genre de la personne victime.

Les garçons sont donc profondément affectés par l'abus sexuel et doivent également faire face à la résistance et au refus de la société de reconnaître leur victimisation, ainsi qu'à l'isolement et au silence qui en résultent.

Chaque personne victime réagit différemment aux abus sexuels subis, mais cela n'a rien à voir avec le genre.

Lorsqu'un garçon ou un adolescent subit une stimulation de ses parties génitales, même dans une situation d'abus, il peut avoir une érection ou un orgasme (décharge physiologique).

Cela s'applique quel que soit le type de stimulation sexuelle, qu'elle soit visuelle, tactile ou auditive.

Cependant, cette réponse physiologique ne signifie pas que l'enfant était consentant au moment de l'expérience ou qu'il comprenait ce qu'il vivait.

Les auteurs d'abus peuvent utiliser ces réactions physiologiques pour manipuler l'enfant et le convaincre qu'il a souhaité ou apprécié l’abus, ce qui l'enferme dans le silence.

En conséquence, de nombreux garçons et adolescents abusés ressentent une profonde culpabilité et honte, croyant à tort avoir participé volontairement à l'abus en raison de leur réaction physiologique.

Les hommes qui abusent sexuellement de garçons ne sont pas forcément homosexuels; pas plus que les hommes qui abusent des jeunes filles sont forcément hétérosexuels.

Bien qu’il existe des agresseurs sexuels qui ont des préférences quant au genre et à l’âge de leur(s) victime(s), la grande majorité des abuseurs qui abusent des garçons sont d’orientation hétérosexuelle, et non homosexuelle.

Des statistiques parlantes

  • 1/6

    1 homme sur 6 sera victime d’une agression sexuelle au cours de sa vie. Gouvernement du Québec, Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle, Québec, 2001.

  • 9/10

    près de 9 personne ayant vécu de l’abus sexuel sur 10 connaissent la personne qui les a abusés.

  • 23%

    des hommes abusés sexuellement le seraient par des femmes. Godbout, N., Lebeau, R., Brassard, A., Deslauriers, J-M., Fernet, M., Hébert, M. et al. (2023, 10 mai). Hommes victimes de traumas interpersonnels qui consultent auprès d’organismes d’aide : portrait [communication orale]. 91e congrès de l’ACFAS, Montréal, QC. Canada. https://www.acfas.ca/evenements/congres/programme/90/400/423/c

  • 4/5

    4 hommes sur 5 ayant reconnu avoir vécu des comportements d’abus sexuel à l’enfance à leur égard n’identifiaient pas cette expérience comme étant un abus sexuel. Vaillancourt-Morel, M., Godbout, N., Bédard, M., Charest, É., Briere, J. et S. Sabourin. (2016). Emotional and Sexual Correlates of Child Sexual Abuse as a Function of Self-Definition Status. Child Maltreatment. 21. 10.1177/1077559516656069.

  • 76%

    Une proportion similaire chez les hommes victimes d’abus sexuels à l’âge adulte ; 76% des hommes ayant reconnu avoir vécu des comportements d’abus sexuel à l’âge adulte portés sur eux n’identifiaient pas cette expérience comme étant un abus sexuel sur soi. Artime, T. M., McCallum, E. B., et Peterson, Z. D. (2014). Men’s Acknowledgment of Their Sexual Victimization Experiences. Psychology of Men & Masculinity, 15(3), 313-323. doi:10.1037/a0033376

  • 22%

    22% des hommes ont déclaré ne pas avoir du tout été affecté par l’abus sexuel comparativement à 2% des femmes (Cotter et Savage, 2019). Il semble y avoir un enjeu de reconnaissance des conséquences chez les hommes, bien que le besoin pourrait être présent. Cotter, A et L. Savage, (2019). La violence fondée sur le sexe et les comportements sexuels non désirés au Canada, 2018 : Premiers résultats découlant de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés. Juristat, produit no 85-002-X au catalogue de Statistique Canada.

  • 6%

    L’abus sexuel constitue le crime le moins dénoncé à la police. Seulement 6% des abus sexuels sont signalés à la police. Cotter, A. (2021). La victimisation criminelle au Canada, 2019. Juristat, produit No 85-002-X au catalogue de Statistique Canada.

  • 7/10

    des abus sexuels sont commis dans une résidence privée, comme une maison ou un appartement.

  • 2X +

    Les hommes ont 2 fois plus de chance de ne jamais dévoilé leur abus sexuel vécu à l’enfance comparativement aux femmes (34,2% vs 15,7%). Hébert M. ,Tourigny M., Cyr M., McDuff P. et J. Joly (2009). Prevalence of Childhood Sexual Abuse and Timing of Disclosure in a Representative Sample of Adults from Quebec, Canadian Journal of Psychiatry 54(9), 631–6